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15 novembre 2008

AUXERRE 2008: Carnet de bord du Capitaine

Le 9ème festival international Musique et Cinéma s'est ouvert le mercredi 12 novembre 2008 par la projection du long-métrage de Francis Huster UN HOMME ET SON CHIEN marquant le retour sur grand écran de Jean-Paul Belmondo. Mis en musique par Philippe Rombi, le film verse malheureusement dans le mélodrame lacrimal, ce qui est bien dommage car l'on était heureux de retrouver notre Bébel national sur la toile. Le jeudi 13 novembre a quant à lui été marqué par un hommage à Pierre Richard qui ne manque toujours pas d'humour et d'intelligence dès lors qu'il évoque sa singulière carrière.

nyman_auxerreLe vendredi 14 novembre a vu la projection d'un documentaire réalisé par Jean-Yves Guilleux et consacré à François de Roubaix: FRANCOIS DE ROUBAIX, L'AVENTURIER. Au-delà des témoignages pertinents des protagonistes ayant connu directement l'éclectique musicien (Eric Demarsan, Yves Josso, Pierre Richard, Yves Boisset, Jean-Pierre Mocky,...) ou préservant son oeuvre (sa fille Patricia, Stéphane Lerouge,...), la véritable plus-value du documentaire réside dans les (quasiment inédites) images montrant le compositeur au travail et en parlant avec passion. Il en résulte un film de 52 minutes concis et très instructif qui devrait sortir en DVD au printemps 2009, agrémenté de bonus exclusifs. La projection laissa place à la master-class et au concert de Michael Nyman qui restitua en près de 2h00 sa carrière axée notamment autour de plusieurs films de Peter Greenaway (MEURTRE DANS UN JARDIN ANGLAIS, LE CUISINIER, LE VOLEUR, SA FEMME ET SON AMANT) et Jane Campion (1 film emblématique: LA LECON DE PIANO). Assez sarcastique dans ses propos (notamment sur Peter Greenaway qu'il jugeait très classique dans l'utilisation de la musique), le compositeur britannique s'est néanmoins attiré les faveurs du public lors de son concert grâce à son style si particulier (la musique répétitive) qui fascine ou agace.

Samedi 15 novembre: dernier jour du festival qui s'ouvre avec la conférence du Centenaire de la musique de films toujours animée par l'incontournable senseï français de la musique de films Stéphane Lerouge qui a convié Patrick Doyle, Gabriel Yared et Laurent Petitgirard à s'entretenir de leur expérience et de leur vision de la musique de films. Répondant avec à-propos, sincérité et humour aux questions, les trois musiciens ont mis en avant l'importance du dialogue compositeur/réalisateur (les collaborations Patrick Doyle/Kenneth Branagh, Gabriel Yared/Anthony Minghella, Laurent Petitgirard/Francis Girod) pour parvenir à la meilleure musique pour le film et le fait pour le compositeur d'être impliqué au stade le plus précoce du processus de création musical, quitte à refuser certains films, contenant par exemple trop de musiques temporaires, véritable obstacle à la créativité selon les trois compositeurs. Emaillée d'intermèdes musicaux impromptus (Patrick Doyle doublant son propre chant sur le "Non Nobis Domine" d'HENRY V, les trois compositeurs interprétant tour à tour un de leurs thèmes au piano), cette rencontre restera comme l'un des temps forts de ce festival, tant les propos échangés furent captivants et monstrueusement instructifs.

trio_auxerre

L'après-midi fut l'occasion de revenir aux origines de l'image avec le documentaire SEPT MOUVEMENTS DE VIE consacré aux images du savant Etienne-Jules Marey. Le processus de création de cette oeuvre expérimentale mais très accessible est original car sa musique, composée par Gréco Casadesus et interprétée par la Camérata de Bourgogne, a été composée avant le montage des images. La partition, lyrique, intimiste et incluant de pertinentes dissonances et envolées, porte ou se laisse porter par les images, le spectateur étant ainsi convié à un voyage singulier et instructif, mettant en valeur le travail essentiel d'un scientifique méconnu. Le documentaire fut suivi du ciné-concert autour de L'ASSASSINAT DU DUC DE GUISE, premier film ayant bénéficié en 1908 de la première musique créée expressément pour les images par Camille Saint-Saëns. Le film, concis, met en avant la lâcheté d'un certain pouvoir n'oeuvrant que pour lui-même tandis que la musique, bien qu'accusant son âge, a bénéficié de l'excellente interprétation des Musiciens d'Art (formation regroupant le quintet à vents Arte Combo et le quatuor à cordes Sine Qua Non auxquels furent ajoutés une contrebasse et un piano) menés par le compositeur et violoniste Didier Riey. Il est toujours passionnant de voir de la musique de films jouée en live car elle est aussi musique tout court et peut vivre au-delà  de l'image.

La journée se terminera avec le concert du Centenaire interprété par l'orchestre Colonne dirigé par Laurent Petitgirard avec plusieurs invités (Jean-Michel Bernard, Christian Gaubert, Gabriel Yared,...). Ce spectacle s'annonce, d'après les échos que nous avons pu en avoir, sous les meilleures auspices.

Raphaël Tchelebi.

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