Les Montreurs d'Images : un air de famille

L'association "Les Montreurs d'images", créée en 1998, accueille chaque année des passionnés de cinéma et de musique. Après la peinture, l'architecture, le festival proposait, du 5 au 9 novembre, d'accoler au 7e art le thème de la chanson et de montrer comment deux arts peuvent s'épauler et se construire l'un l'autre.

Avec une programmation ample et variée, balayant les horizons les plus divers (de NOUS IRONS A PARIS de Jean Boyer (1950) à ACROSS THE UNIVERSE de Julie Taymor (2007) en passant par RIVER OF NO RETURN de Preminger (1954) ou SOIGNE TA DROITE de Godard (1987), le festival proposait près de 20 films en 5 jours, dont certaines avant-premières comme LE PLAISIR DE CHANTER D'Ilan Duran Cohen.

Un dimanche en chanson, cela peut être dans une même journée Gérard Darmon se rêvant en Charles Aznavour du Nord (EMMENEZ-MOI de Edmond Bensimon), Chet Baker filmé par Bruce Veber (LET'S GET LOST) ou encore un "In The Mood For Love" version balade irlandaise (ONCE de John Carney) qui a beaucoup partagé le public entre ceux qui ont adoré la simplicité de la rencontre d'un guitariste de rue et d'une pianiste immigrée tchèque à Dublin et d'autres, plus circonspects quant à l'utilisation parfois envahissante et répétitive des titres composés par le duo (mais jamais couple) à l'écran, Glen Hansar et Marketa Irglova, oscarisés cette année pour la chanson "Falling Slowly".

Once - Falling Slowly

Le plaisir de chanter, c'était aussi celui des personnages de JEANNE ET LE GARCON FORMIDABLE, la comédie musicale d'Olivier Ducastel et Jacques Martineau réalisée il y a déjà 10 ans. La gageure du film - parler (et chanter) légèrement des choses tristes - apparaît encore aujourd'hui comme une des réussites du film, là où transparaît avec les années l'influence de Jacques Demy. D'une voix timide, le compositeur Philippe Miller a évoqué sa collaboration avec les deux auteurs ainsi que la réception du film et de son caractère musical.

Pour une argumentation approfondie, la leçon de cinéma d'Alain Garel, critique et historien, se consacrait aux chansons du cinéma français. Si les prestations et cameos de Tino Rossi, Luis Mariano ou Johnny Halliday peuvent laisser perplexe, la gouaille de Suzy Delair où le rythme effrené de Joséphine Baker emportent toujours l'adhésion. Tout comme les avalanches d'anecdotes dont Alain Garel, qui a beaucoup écrit sur la musique au cinéma, est friand et prolixe.

Alain Garel et Philippe Miller

A l'évidence, si tout un chacun se promène avec un air dans la tête, les montreurs d'images arborent un air de famille. Dans une ambiance d'une rare convivialité, une équipe motivée et profondément investie partage et fait partager sa passion pour le cinéma. Avec ce qu'il faut d'endurance et de résistance. Avec ce qu'il faut de sourire et de chaleur. Ce n'est pas là leurs moindres qualités.