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4 janvier 2009

Retour sur 2008 : ROCKNROLLA

Après une traversée du désert, représentée par les déceptions que sont SWEPT AWAY et REVOLVER, Guy Ritchie retourne à son essentiel : le film choral de gangsters underground. Mieux filmé que LOCK, STOCK AND TWO SMOKING BARRELS, marque d’un réalisateur débutant dans le cinéma, et plus mâture que SNATCH, ROCKNROLLA apparait ainsi comme son film le plus adulte.

rocknrollaFidèle à son approche, Guy Ritchie inclut une bande son très rock dans laquelle se côtoient des groupes pop rock, parfois punk, qui retranscrivent l’univers underground propre au film. Ainsi, l'auditeur passe d’une musique folk et rock calme à une musique pop rock bien plus survoltée, accompagnant le rythme du film dans un effet de surprise constant. Pour exemple, la course-poursuite entre un personnage russe et Gerard Butler – séquence en passe de devenir culte grâce à son montage haletant et son déroulement original - s’accompagne de "We had love" des Scientists qui renforce le décalage du réel, tel un bad trip sous cocaïne. Le résultat à l’écran est simplement saisissant de folie pure et de brutalité, aussi sonore que visuelle.

Certaines séquences renforcent l’aspect prise de drogue jusqu'au surréalisme : un Johnny Quid shooté, se regardant dans un miroir et jouant avec ses deux revolvers sur "Bankrobber"  des Clash coupe de manière inattendue le rythme du film. On pourra également citer la danse de Gerard Butler et Thandie Newton, à la chorégraphie loufoque : le titre "Waiting for a train" de Flash and the Pain souligne encore l’aspect ridicule de cette danse qui apparait comme dérisoire et secondaire face aux instructions données par Newton. Le spectateur est alors partagé entre le parodique de cet ersatz de danse et l'importance de la discussion en cours. La musique se fond alors dans le film, suggère l’inattendu et accompagne l’idée directrice de Ritchie.    

Car le contraste est donné d’emblée. La finesse du réalisateur est de surprendre en permanence en injectant une bande originale comme une drogue, et d'y faire nager le spectateur, plongé dans les effluves comme Johnny Quid, l’un des héros du film, drogué en permanence. Les musiques rock s’enchaînent, puis viennent se briser sur de la techno ou une musique traditionnelle russe avant que des dialogues issus du film ne viennent faire écho au réel.

En ce sens, Guy Ritchie s’impose comme un Tarantino britannique : un véritable travail opéré sur la bande originale avec une fidélité à son sujet de prédilection (le rock donne son titre au film) et des surprises sonores comme un terrain miné.

Un terrain miné qui varie les plaisirs des oreilles et promet ainsi une écoute prolongée sans vision du film car, même si la bande originale restitue la surprise provoquée par les trouvailles visuelles, elle ne lasse pas l'auditeur qui prendra grand plaisir à se replonger dans cet univers underground si particulier.

Emmanuel Santaga.

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