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15 septembre 2008

Marco Beltrami, interview express d'un compositeur pressé

beltramiEntre Hollywood, Londres et maintenant Paris, Marco Beltrami n’arrête plus. Longtemps associé (brillamment) à un certain cinéma américain de grande consommation, il a réussi ces dernières années à diversifier intelligemment ses collaborations, en particulier avec des cinéastes européens.

Il revient ici sur certains aspects moins souvent abordés de son métier.

TZ. Quand vous composez, avez vous une conception purement fonctionnelle de votre musique ou travaillez vous avec l’idée qu’un public l’écoutera de façon autonome ?

M B. : En général, quand je compose, j’ai dans l’esprit un auditoire virtuel, tout à fait indépendant du film lui-même.

Vous avez étudié la musique de film avec Jerry Goldsmith, comment caractériseriez-vous son enseignement ?

Il était assez peu technique sur le plan purement musical. Les bases de la composition étaient considérées comme acquises. Son enseignement faisait surtout ressortir l’intérêt d’une conception économique de l’écriture pour le cinéma. Il tendait à démontrer en quoi le plus simple était souvent le mieux.

Vous êtes en général crédité comme co-orchestrateur de vos partitions, avec d’autres musiciens. Comment travaillez-vous tous ensemble ?

Le plus souvent, chaque orchestrateur est chargé d’un certain nombre de pièces précises et travaille de son côté. J’orchestrais davantage par le passé, mais j’ai un agenda de plus en plus chargé et le montage des films changent souvent jusqu’au dernier moment, si bien que j’ai de moins en moins de temps à consacrer à l’orchestration de mes partitions.

Pensez-vous être influencé par l’approche synthético-orchestral de musiciens comme Goldsmith ou Maurice Jarre dans les années 80 ?

J’aime beaucoup la manière dont Goldsmith intégrait l’électronique dans l’orchestre, mais plutôt dans ses compositions plus anciennes et plus expérimentales. Cependant il m’est difficile de dire s’il y a vraiment eu une influence.

Avez-vous toujours des ambitions comme compositeur de concert ?

Oui, je suis au premier stade d’un travail de collaboration avec Mark Mothersbaugh * sur un projet d’opéra.

Pensez-vous que certaines de vos musiques de film pourraient être arrangées pour le concert ?

Je crois qu’il l faudrait retravailler les partitions pour en tirer des suites intéressantes, mais cela me semble parfaitement faisable, et ce serait vraiment drôle !

Un compositeur de cinéma a dit un jour que la musique de film était une sorte de prison dorée. Vous sentez-vous libre dans votre travail de compositeur de cinéma ?

Dans la première phase de travail sur un film, oui, je me sens assez libre, mais au fur et à mesure de l’avancée du film, les besoins en terme musicaux deviennent plus précis et le travail est donc plus contraignant.

Qu’est ce qui vous amène à accepter ou à refuser de travailler sur un film ?

De nombreux facteurs interviennent : les relations établies sur des films précédents, l’envie artistique, les considérations financières…

Vous avez enregistré THE OMEN et 3 :10 TO YUMA à Londres, quelles différences entendez-vous entre les orchestres anglais et les orchestres de studios de Los Angeles avec lesquels vous avez travaillé jusque-là ?

Les orchestres européens ont en général un son plus uni, plus homogène, sans doute lié au fait qu’ils jouent souvent ensemble en concert. J’ai été très impressionné quand j’ai enregistré à Londres, mais aussi très récemment à Paris, où je viens d’enregistrer MESRINE : L’INSTINCT DE MORT. D’un autre côté, les musiciens américains sont de remarquables déchiffreurs et sont d’une grande courtoisie. Même quand j’ai une grande quantité de musique à enregistrer, je sais qu’avec eux je peux être assez détendu.

electric_mistVous venez de travailler avec Bertrand Tavernier pour IN THE ELECTRIC MIST, comment s’est passée cette collaboration ?

C’est un homme d’un homme incroyablement créatif et quelqu’un de très réceptif. J’aimerais avoir une occasion de travailler avec lui d’une manière plus proche.

Avez-vous le temps d’écouter de la musique pour votre plaisir ?

Pas autant que je le voudrais hélas !

Notes :

* : Marc Mothersbaugh est un musicien, chanteur et peintre américain, membre du groupe rock/new wave Devo.

Propos recueillis et traduits par Stéphane Abdallah

Un grand merci à Marco Beltrami d’avoir pris le temps de répondre à quelques questions en dépit d’un emploi du temps plus que rempli.

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